Plan Joana, implication des sociétés, stupotest… Philippe Tabarot à Dreux pour renforcer la sécurité dans les transports scolaires
Le ministre des Transports est venu à Dreux, ce jeudi 4 septembre, évoquer le plan Joana de renforcement de la […]
Le ministre des Transports est venu à Dreux, ce jeudi 4 septembre, évoquer le plan Joana de renforcement de la sécurité dans les transports scolaires. Ce plan a été baptisé ainsi pour saluer la mémoire d'une collégienne d'Orgères-en-Beauce victime d'un accident en début d'année, à Châteaudun.
Elle avait 15 ans. Elle allait commencer sa journée d'études, mais n'est jamais arrivée au lycée, victime d'un grave accident d'autocar, à Châteaudun. En cause, un conducteur contrôlé positif aux stupéfiants. C'était en janvier 2025. Le souvenir de Joana était omniprésent, ce jeudi 4 septembre, à Dreux, à l'occasion de la visite de Philippe Tabarot, ministre des Transports.
Toujours en contact avec la famille de la victime, l'ancien sénateur (LR), vice-président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, est venu évoquer le plan adopté en avril dernier pour renforcer la sécurité dans le transport scolaire. Ce plan a été précisément baptisé plan Joana en hommage à la jeune fille. Il s'articule en cinq axes :
- Améliorer la sensibilisation, la prévention et le dépistage pour lutter contre les stupéfiants.
- Renforcer la sécurité dans les véhicules de transport collectif.
- Écouter, impliquer et responsabiliser les usagers.
- Renforcer les sanctions applicables.
- Renforcer les capacités de contrôles.
L'implication des sociétés de transport
Arrivé peu après 7 heures sur la place du Champ-de-foire, à Dreux, véritable plaque tournante du ramassage scolaire à destination des établissements, le ministre a été accueilli par Hervé Jonathan, préfet d'Eure-et-Loir, ainsi que par les parlementaires, élus locaux et responsables de services. Les différents acteurs du transport, dont la société Kéolis, étaient largement représentés.
Car l'implication des sociétés de transport est fondamentale pour la réussite du plan Joana et pour le renforcement de la sécurité. En l'espèce, les contrôles inopinés sur la prise de stupéfiants se sont généralisés. Philippe Tabarot se veut confiant.
"Les entreprises le font a minima une fois par an. La fédération des transports joue le jeu." - Philippe Tabarot (Ministre des Transports)
Le ministre n'a pas manqué d'évoquer ses contacts réguliers avec la famille de Joana, et s'est engouffré dans une navette de bus en direction du lycée Branly de Dreux où un point presse était organisé.
L'occasion pour le représentant du gouvernement de se situer dans la perspective de la mise en place d'un stupotest, dispositif empêchant le conducteur du bus de démarrer son véhicule en cas de contrôle positif, de parler d'un bip signalant un oubli de bouclage de ceinture de sécurité ou du test d'un bouton permettant aux enfants de signaler le comportement étrange d'un conducteur. Autant de mesures en cours d'évaluation.
"Ne pas stigmatiser une profession"
Le ministre a tenu à relativiser la part des comportements dangereux :
"Je ne viens pas pour stigmatiser une profession. C'est une infime minorité qui a un comportement déviant… Suite à l'accident de Châteaudun, on a mené 30.000 contrôles dans le pays en quelques mois. Les tests ont confirmé que les infractions correspondaient à moins de 1% du total. 0,3% pour l'alcoolémie et 0,3% pour les stupéfiants". - Philippe Tabarot (Ministre des Transports)
Sur le plan de la loi, Philippe Tabarot s'est réjoui du remplacement du délit d'homicide involontaire par le délit d'homicide routier en cas de contrôle positif aux stupéfiants ou à l'alcoolémie : "La notion d'homicide involontaire était souvent mal ressentie par les familles des victimes. Le changement permet d'aggraver les peines. C'est important que l'arsenal juridique évolue."
En Eure-et-Loir, en 2025, 627 contrôles ont été effectués donnant lieu à 14 infractions, 3 pour défaut de ceinture de sécurité, 10 pour des équipements défaillants, et 1 pour contrôle positif aux stupéfiants.
Le cadre général étant décrit, Philippe Tabarot s'est rendu au siège de Kéolis Dreux pour s'intéresser aux mesures pratiques en place ou en cours d'évaluation pour renforcer la sécurité dans le transport scolaire.
Président d'Aguila Technologie, société basée en Aquitaine, Hubert Forgeot a présenté le système BREAKEE de bris de vitre que le ministre a pu tester et dont il a pu mesurer l'efficacité et la simplicité.
Kéolis se veut exemplaire
En l'espèce, une petite manette extrêmement facile à actionner évite le recours à un marteau pic pour casser une vitre. Sur un plan plus général, Philippe Tabarot a interrogé les responsables de Kéolis sur le déroulement des tests. Marc Saint Felix, directeur opérationnel Kéolis du secteur Haute-Normandie, dont dépend Dreux, Estèle Bouton, directrice régionale Nord Ouest, et Pierre Gosset, directeur industriel, ont brossé le tableau d'une société rigoureuse où tous les conducteurs ont été testés avec des résultats négatifs.
Chez Kéolis, les managers et les personnels disposant d'un véhicule de service sont également testés. La problématique des enfants oubliés fait aussi partie des sujets donnant lieu à l'application de procédures strictes. Autant de communications susceptibles de rassurer le ministre. Pour autant, la vigilance demeure.
Le bilan 2025 du transport scolaire s'établit sur le plan national à 103 accidents avec une vingtaine de victimes dont trois décès, celui de Joana et deux autres décès survenus sur la phase montée ou descente du bus aux points d'arrêt. Christophe Trébosc, secrétaire général de l'Anateep (Association nationale pour les transports éducatifs de l'enseignement public) a souligné combien il partageait les préoccupations du ministre pour sécuriser au maximum les élèves pendant leurs temps de transport. Si le bilan de l'année est lourd, Philippe Tabarot a tenu à rappeler que le transport par autocar restait le moyen le plus sûr pour les enfants de rejoindre leur site d'études.
Avant de quitter Dreux et de se diriger vers Chartres, il a tenu à saluer les efforts déployés par le préfet, Hervé Jonathan, pour améliorer la sécurité routière dans son département. Au cours de sa visite, le ministre des tansports aura eu l'occasion de partager les sentiments des parlemenatires sur les lourdes incertitudes de la vie politique. Sans s'interdire de le faire avec humour.